Famille : Ophioglossaceae
Genre : Botrychium Sw. (entre 23 et 50 espèces, réparties sur tous les continents sauf Antartique et à toutes les latitudes. 2 espèces en Australie)
Des illustrations de l'espèce sont également disponibles en cliquant ici (lien vers Flora of Australia).
Botrychium australe est une espèce distribuée sur une bande étroite orientale de l'Australie, essentiellement depuis le Victoria au sud jusqu'au Queensland au nord, et au delà, en Nouvelle-Guinée (Chinnock, 1998).
Une station très isolée - et probablement disparue (Ducan & Isaac, 1986 ; Chinnock, 1998) - a été également signalée dans le South Australia. En Tasmanie, la situation semble identique : Botrychium australe fut collecté à la fin du 19ème siècle en 2 localités, non reconfirmées depuis (Garrett, 1996). Il est également présent en Nouvelle-Zélande (Brownsey & Smith-Dodswoorth, 2000).
À l'intérieur de son aire de distribution, B. australe semble devenir beaucoup plus rare et dispersé au nord à partir de Brisbane. Il paraît également très rare en Tasmanie. Les principales concentrations de données se situent dans le New South Wales, sans que l'espèce soit, là aussi, très abondante.
B. australe peut être rencontré d'après les flores dans une grande variété d'habitats. Chinnock (1998) cite les bordures, chemins et zones ouvertes des forêts sclérophylles et forêts pluviales ou encore les prairies, bordures de ruisseaux, depuis des basses altitudes jusqu'aux régions subalpines.
en Nouvelle-Zélande, B. australe est une plante de milieux perturbés, apparaissant dans les dépots de rivières, bordures de chemins, coupes forestières et pâturages à l'abandon (Brownsey & Smith-Dodswoorth, 2000).
Néanmoins il semble que dans tous les cas, B. australe recherche avant tout les sols ayant de bonnes réserves en eau et un humus épais.
Mes deux seuls observations ont été faites dans des habitats relativement similaires : bordures de marais tourbeux, formation herbacée dense, à des altitudes relativement élevée (de 1000 à 1300 m), le tout sur substrat granitique.
Dans les deux cas, l'espèce était présente en très faible densité : un seul pied sur le premier site, 3 ou 4 sur le second. Wilson (1990) considère cette espèce dans le New South Wales comme répandue mais non commune. Néanmoins selon D. Jones (comm. pers.) B. australe, dans d'autres secteurs du NSW, peut former des populations assez denses.
B. australe est à mon avis inconfondable avec une autre fougère (mais voir Notes plus loin).
En effet, la seule autre espèce de Botrychium présente en Australie est B. lunaria. Ce dernier est de petite taille, présente un limbe stérile beaucoup moins découpé et de forme ovale à oblongue, et a une distribution restreinte au sud-est de l'Australie (Tasmanie, zones alpines et sub-alpines du NSW et Victoria).
Selon Clausen (1938), cette espèce est la vicariante dans l'hémisphère sud de Botrychium multifidum présent dans l'hémisphère nord (et très rare en France).
Ducan & Isaac (1986) signalent que Botrychium australe est présent en Amérique du Sud, information donnée également par Brownsey & Smith-Dodswoorth (2000), mais pas par les autres ouvrages à notre disposition (Andrews, 1990; Wilson, 1990; Chinnock, 1998).
Clausen (1938) signalait effectivement Botrychium australe subsp. negeri (Christ) n. comb. du Chili. Mais cette donnée n'était absolument pas sûre dans la mesure où seul le type était connu - sous le nom de Botrychium negeri Christ, aucun autre spécimen n'ayant été collecté par la suite. Clausen avait replacé ce spécimen au rang de sous-espèce de B. australe, uniquement à partir de la description originale et de la figure accompagnant cette publication.
Il est possible que dans certains secteurs B. australe soit méconnu des botanistes, et donc sous-représenté. Non seulement, comme nous l'avons vu dans la page d'introduction aux fougères, ces dernières ne semble pas attirer grand monde, mais en plus il existe quelques plantes vasculaires dans les zones montagnardes, qui, aux étages montagnards, ressemblent superficiellement, lorsqu'elles n'ont que les feilles basales, à B. australe.
Ma première observation de B. australe a été faite à l'occasion d'une sortie naturaliste dans les zones tourbeuses et herbeuses montagnardes des environs de Canberra. Ayant localisé un beau pied de cette espèce, j'attire l'attention de la dizaine de personnes présentes (dont nombre de botanistes) sur cette fougère, que je voyais pour la première fois, et que nous n'avions pas encore recontrée ce jour là. Quelques botanistes s'approchent et déclarent "it is just a Mountain Celeri" (beaucoup devaient être surpris que je me mette à prendre autant de photos d'une telle chose!). Il faudra plusieurs dizaines de secondes avant que quelqu'un regarde de plus près et se rende compte qu'il s'agissait d'un Botrychium, ce que je me tuais à essayer de leur dire (essayez de prononcer Botrychium en anglais avec le bon accent!).
L'explication est simple. Certaines Apiaceae montagnardes, communes dans les prairies et landines, ont des feuillages ressemblant avec le limbe stérile de B. australe. D'ailleurs, est-ce un hasard si le nom commun anglais de cette espèce est "Parsley fern" ? Pour vous en convaincre, regardez la photo du Mountain Celeri (l'espèce avec laquelle B. australe avait été confondu) Aciphylla glacialis. Même l'inflorescence naissante, lorsqu'elle est encore verdâtre (ce qui n'est plus le cas sur la photo) et près des feuilles basales, rappelle quelque peu l'aspect du sporophore !